Mon mot dit en passant : belle et cruelle - à l'envie - la vie
Des publications, des livres

Pour le moment, deux livres à mon actif. Et des projets pour la suite mais pas encore engagés.
Mais tout d'abord un catalogue édité par Les Moulins de Villancourt et aussi un livre pour lequel m'a été commandé un découpag&collage.


droits de l'homme ? des collages immédiats.
Un catalogue de vingt pages édité en mars 2001 pour l'exposition éponyme. Dix-sept découpag&collages et neuf textes d'amis que sont Jean-Luc Einaudi (historien spécialiste de la guerre d'Algérie), Jacques Gaillot (évêque), Pierre Fugian (résistant, ancien commandant FFI, commandeur de la Légion d'honneur et père de Michel), Marcel Trillat (journaliste), Michel Dibilio (metteur en scène), La Compagnie Jolie môme, Yves Gaudin (poète rhapsode itinérant) et Roger Martin (écrivain, militant antifasciste).

  La lutte en chantant.
Le premier a été édité en mai 2004 (Edition Compagnie Jolie môme). Une collaboration entre la Compagnie Jolie môme qui présente dix-sept textes de leurs chansons et moi-même qui les ai illustré de seize de mes découpag&collages. Ce livre est préfacé par Didier Daeninckx (écrivain romancier) et Daniel Mermet (grande voix radiophonique, écrivain, reporter) que je je vous propose de découvrir ci-dessous.

Donneur d'alerte...
Une colombe embrochée sur une baïonnette, la radiographie d'un dictateur dévoilant que sa colonne vertébrale est constituée d'une pile de pièce d'or... Dès le début des années vingt, un peintre allemand, Johne Heartfield, inventait le "collage politique" pour hurler son refus de l'état du monde, préssentant l'imminence de la catastrophe. Délaissant le pinceau, les tubes de couleurs, il décidait de s'exprimer avec l'imprimé, de découper les images du journal de monsieur Tout-le-Monde, d'en rapprocher les éléments disparates et ainsi d'en faire émerger un sens nouveau. Il parvenait, de cette manière, à faire échapper l'information à la dictature quotidienne. En 1933, les nazis ne lui pardonnèrent pas de garder les yeux ouverts sur leur barbarie. Son œuvre fut détruite, et Heartfield ne dut son salut qu'à l'exil.
Depuis plus de dix ans, un artiste dont j'ai fait la rencontre à l'occasion de manifestation contre les "bas du front", dans la région de Grenoble, prolonge le travail de John Heartfield. Sans rien retrancher à l'exigence artistique, en ayant toujours à l'esprit que le sens ne doit jamais défigurer la beauté, Luc Quinton dit le monde au moyen de magazines périmés, d'une paire de ciseaux et d'un pot de colle. Ses tableaux dénoncent férocement la violation des droits de l'homme, la misère, la pauvreté, et disent surtout la solidarité, les possibles rencontres.
Pour Luc Quinton, l'artiste, avant tout, c'est un regard décalé, une manière de toiser le monde en refusant d'être dans le rang, de battre des pieds en cadence, de s'esclaffer au rythme des rires enregistrés, d'applaudir au signal, d'attendre le coup de feu pour jaillir des starting-blocks. C'est un faiseur de faux départs, un brouilleur de code-barres, un type ou une typesse qui ne respecte pas la règle du jeu, sachant qu'elle est faussée à la base. L'artiste, c'est pas celui qui ne fuit pas le monde, mais qui signale que le monde fuit. Qui a préservé assez de sensibilité pour saisir la multiplicité des réels, et qui ne parvient pas à garder ça pour lui, qui en fait profiter les autres, au risque de les déstabiliser, de couvrir le ronronnement rassurant de la vie ordinaire. L'artiste, c'est un donneur d'alerte, un oiseau de mauvais augure. Un artiste, ça se cache quelques fois derrière une moustache en broussaille, un nuage de malice dans les yeux, pour qu'on accepte que nous soit signalé tout le mal qu'on fait.
Et s'il y avait une image, une seule, ce serait celle, à charge, de ce jeune sans-papiers charriant une brouette dans une décharge de vieux papiers, un pilon, cet endroit du monde où les mots sont mis au pilori. Des vieux papiers que Luc Quinton sauve du néant en nous rappelant que le mot "livre" nous vient tout droit de "liber", une racine latine qui signifie "écorce d'arbre" (la matière qui a donné naissance au papier), tout autant que "libérer".

Didier Daeninckx. Ecrivain, romancier.

  Sans papiers. découpag
&collage de Luc Quinton ©

C'est bien joli tout ça !
(petit texte à dire à voix haute pour passer inaperçu)
Jolie môme, lutte de classe, drapeau rouge, le bon vieux temps... Et même voilà maintenant que Luc Quinton avec ses collages. Quelle émotion ! On songe aux collages de Jacques Prévert, et Prévert ça nous amène au Groupe Octobre qui nous renvoie à Jolie môme.
Ah, quelle Nostalgie ! Hélas c'est du passé, c'est fini.
Il faut regarder les réalités en face, le monde a changé, une évidence s'est imposée, qu'on le veuille ou non la logique économique est aussi naturelle et inéluctable que la loi de la pesanteur, rien d'idéologique là-dedans, il n'y a pas d'alternative, il faut s'adapter, on ne reviendra pas à l'époque de la lampe à huile ni à la dictature du prolétariat, rien à faire, nous dans les média nous le voyons bien, le capitalisme récupère tout, l'autruche capitaliste est capable de tout digérer...
Euh, mais...
Mais, sait-on jamais ; si vos petites chansons et vos petits découpages lui restaient en travers du gosier et qu'elle commence à étouffer, n'oubliez pas que je vous soutiens, n'oubliez pas que je suis avec vous, que j'ai toujours été avec vous !
Un ami de gauche*

Daniel Mermet. Grande voix radiophonique, écrivain, reporter.
* Voix que nous entendons chaque jour accompagnée d'un bruit de pantoufle aussi terrifiant qu'un bruit de bottes. Merci à Jolie môme et à Luc Quinton de nous empêcher de dormir.

 
vous avez dit : droits de l'homme ?
Un livre que j'ai conçu à partir de mes expositions répétées avec mes découpag&collages sur le thème des droits de l'homme. Ne souhaitant pas en faire un simple album, j'ai proposé à un certain nombre d'amis de contribuer à cet ouvrage par un texte inédit ou une œuvre artistique pour illustrer les trente articles de la déclaration universelle des droits de l'homme. Pour la petite histoire, en 2012 j'ai discuté à plusieurs reprises avec Stéphane Hessel d'un projet de "suite" à ce livre, lui qui a été un des auteurs du texte de 1948. Je lui proposais d'écrire son sentiment sur cette déclaration et quelles évolutions il verrait bien, mots que j'aurai illustré de nouveaux collages. Malheureusement, il n'a pu concrétiser son accord de principe.
Pour revenir au livre vous avez dit : droits de l'homme ?, notons les universelles contributions de Henri Alleg (ancien journaliste, historien, auteur de "la question"), Hakki Araz (réfugié kurde en France), Saïb Bouamama (sociologue, militant pour l'égalité), Alain Bourdel (sculpteur), Howard Buten (Bufo le clown, psychiatre), Michel Cambon (dessinateur de presse), Séverine Capeille (journaliste, animatrice du site sistoeurs.net), Hector Celano (écrivain, poète, réciteur, journaliste culturel, directeur artistique et directeur de programme de radio à Cuba), Robert Chambrial (médecin généraliste), Caroline Cialdella (étudiante en IUFM), Bruce Clarke (artiste sud-africain), Didier Daeninckx (écrivain), Michel Dibilio (metteur en scène), Daniel Durand (ancien secrétaire national du Mouvement de la paix, chercheur à l'Institut de documentation et de recherche sur la paix, IDRP), Pascal Estadès (président de l'Association des amis du muéses de la résistance et de la déportation de l'Isère), Lily Franey (photographe), Pierre Fugain (résistant, ancien commandant FFI, commandeur de la Légion d'honneur), Jacques Gaillot (évêque de Partenia), Yves Gaudin (poète rhapsode itinérant), Jack Hirschman (universitaire, écrivain poète étasunien), Zarina Khan (écrivain, réalisatrice, metteur en scène, l'une des quatre françaises nominées dans le cadre de l'opération internationale "1000 femmes pour le prix Nobel de la paiux 2005"), Julien Lauprêtre (président du Secours populaire français), Tom Laureau (écolier de 9 ans), Alain Liévaux (directeur du Centre régional du livre et de la lecture en Région Centre), Jacqueline Madrennes (institutrice, militante syndicale et associative), Roger Martin (écrivain), Claude Mazauric (historien de la Révolution française), Damien Millet (président du CADTM France, Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde), Taslima Nasreen (écrivain, militante pour le droit des femmes), Jean-Michel Ouary (pour Mille-Traces et le monde associatif de protection de la nature), Aline Pailler (journaliste), Serge Quinton (mon papa), Maurice Rajsfus (écrivain, président de l'Observatoire des libertés publiques), Yves Salesse (coprésident de la Fondation Copernic), Georges Séguy (ancien dirigeant syndical, président d'honneur de l'Institut d'histoire sociale), Claude Sicre (Fabulous trobadors, Carrefour culturel Arnaud-Bernard-), Armand Soler (militant Ras l'front, syndicaliste FSU-SNUipp, coordinateur du Collectif de soutien aux 33 kurdes ex-grévistes de la faim à Fontaine, Isère), Marcel Trillat (journaliste, réalisateur de télévision). Et la préface de Claude Bertrand à retrouver ci-dessous.

Les sans *
A une époque, la nôtre, où l'Homme se voit de plus en plus nié et remplacé par les Sans, il faut une bonne dose d'optimisme pour oser aborder la "déclaration universelle des droits de l'homme" ! Ou bien, et c'est le cas de Luc, une belle dose d'humanité et d'amour de son prochain. Luc, avec l'alphabet qu'il s'est construit en découpant et en collant nous associe à ses colères et à ses espoirs. Luc, cet "écorché vif", n'accepte pas que l'on soit sans papier sans logement sans travail sans avenir... sans droit. Alors il crie, il dénonce. Il le fait dans ses collages avec une grande sensibilité, avec humour mais surtout avec beaucoup de talent.
Mais franchement, quelle drôle d'idée que de vouloir parler des Droits de l'Homme alors que l'homme n'est, pour ceux qui en bénéficient, que la variable d'ajustement du profit dans l'entreprise. Finalement notre société est formidable ; elle a réussi à faire coter l'homme à la Bourse ! En effet, il suffit de le licencier, c'est-à-dire de le transformer en sans emploi, pour voir la valeur des actions augmenter.
"Droits de l'Homme" c'est presque un gros mot, une fausse note dans ce grand concert mondial où l'actualité quotidienne nous jette à la figure les injustices et les oppressions dont sont victimes des hommes et des femmes dans nos "démocraties", et des peuples entiers de part le vaste monde.
Mon cher Luc, avec tes Droits, excuses-moi mais tu es d'une autre époque ! Aujourd'hui les mots qui comptent (c'est le cas de le dire) ce sont performance, compétitivité, rentabilité (maximale), profits (rapides), dividendes (sans impôts si possible)... Même lorsqu'on nous parle de développement durable pour nous appeler au respect de la nature et de l'environnement on oublie de nous parler du respect de l'Homme et de la place qu'il devrait occuper.
Si nous sommes avec nos Droits de l'Homme d'une autre époque c'est d'une époque à venir dont il s'agit. Avec toi Luc et avec celles et ceux qui t'accompagnent dans cette belle et généreuse initiative, loin d'une nostalgie pour les périodes où ces Droits étaient moins malmenés, mais tournés vers l'avenir pour que demain "les Droits de l'Homme et du citoyen" soient pour l'Humanité toute entière aussi indispensable que l'air que nous respirons et l'eau qui nous désaltère.
Aussi, face à une mondialisation qui rabote tout ce qui dépasse, surtout s'il s'agit de droit, sachons conserver nos patrimoines gardant ainsi notre identité. Et gardant notre identité nous pourrons nous ouvrir aux autres pour nous enrichir de leurs différences et les associer à nos espoirs d'un monde qui aura enfin placé l'Homme au cœur de tous ses projets.

Claude Bertrand. Vice-président du Conseil général de l'Isère en charge de la Culture et du Patrimoine. (de 2001 à 2010)